Handicapé, isolé, mais ingénieux

Pierre François Maurice Avezard, dit Petit Pierre, est né le 30 décembre 1909 à Vienne en Val. Cela aurait pu être un beau cadeau de Nouvel An pour ses parents, mais hélas il nait prématurément, et atteint du syndrome de Treacher-Collins. Le visage légèrement déformé, les lobes d’oreille quasi inexistants - cela explique pourquoi, enfant, on lui laissait les cheveux longs pour cacher cela -, pas d’ouverture d’oreille sur un côté amenant le médecin accoucheur à devoir percer la peau avec une aiguille pour laisser entrer l’air et les sons, et enfin, probablement le plus handicapant, la voute du palais pas totalement fermée, rendant son élocution difficile du fait de la communication entre fosse nasale et cavité buccale. Mais il n'était pas sourd-muet, comme on peut le lire sur certains sites !

Pp et therese

Pierre enfant

 

Ces malformations entraineront une vie difficile, moqué, harcelé, chahuté durant toute sa vie, tant à l’école, que dans les fermes où il travaillera.

C’est ainsi que, dès l’âge de 8 ans, ses parents le retirent de l’école où il souffre de ces comportements, et il devient garçon vacher, métier qu’il exercera quasiment toute sa vie. Les vaches ne se moquent pas de lui, et il dispose de tout le temps où il est au pré pour ‘bricoler’ des objets de tout genre, uniquement avec des matériaux de récupération.

Sa soeur Thérèse viendra en fin d'après-midi le voir au pré, pour lui faire travailler les bases du calcul et de l'écriture.

A l’exception de sa famille et des voyages qu’il faisait avec son frère Léon, il sera malheureusement isolé socialement, jusqu’à la cinquantaine lorsqu’il s’installe dans la maison qu’on lui a construite, et monte son manège tout autour.

Il peut alors recevoir des voisins pour ‘un apéro’, écouter de la musique et voir ses convives danser…, mais surtout, la foule qui se presse à son manège chaque dimanche le replace dans la vie, dans le monde, il sourit de voir les gens heureux.

Fervent catholique, il ira par deux fois en pèlerinage à Lourdes. Chaque dimanche, il va à la  messe à Fay aux Loges, avant de se rendre chez ses parents pour y déjeuner. Il s'arrête en chemin au café de la gare pour y boire un petit Ricard

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A la maison de retraite

En 1974, du fait d'un problème d'hémiplégie, son frère Léon le convainc de quitter sa maison pour s'installer à la maison de retraite de Jargeau. Il accepte, sous condition d'être emmené chaque dimanche à son manège pour le faire tourner. 

En 1985, il décide soudainement de ne plus vouloir entendre parler du manège, et s'enfermera quelque peu dans son nouvel environnement, jusqu'au 24 juillet 1992, où il décède. Il sera enterré au cimetière de Jargeau.